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Chapitre IV

Fenrysulfr

Il est de Grands Esprits sauvages que même les pires carnages ne sauraient apaiser.


 

Il existe un monstre à trois têtes que les légendes Shu'halo ont préférées oublier. Une bête à la sauvagerie sans égal, fils d'un demi-dieu qui dans la pénombre attend qu'un nouvel âge d'or lui soit annoncé. Un gardien pour les loups et un fléau pour leurs maîtres. Ceux qui travaillent la terre le craigne, ceux qui n'aspirent qu'à la guerre le révère. Aujourd'hui il n'est plus qu'une ombre dans les cairns dédiés aux bêtes des grands chefs du Northrend et de Tornheim, mais jamais en quinze mille ans il n'a été aussi proche de son éveil. Très bientôt, Fenrysùlfr renaîtra, et son courroux sera délivré sur le Dieu-démon.

Et il est dit dans les légendes très anciennes,

Que Androkar, fils de Lo'gosh, fut renié par les siens. Né fou, la bête à trois têtes souffre depuis des millénaires maintenant de la disgrâce dans laquelle son propre père l'a précipité. Bâtard infâme, répugné de tous, même des grands sages taurens.
Ainsi fut il décrit par les ancêtres d'Azeroth ; un loup aussi puissant que la montagne, et plus terrible que tous les enfers. Trois gueules, trois mâchoires, et un pelage ardent. Quand Androkar s'éveille pour partir en guerre, sa crinière prend feu et tout son corps se consume, ses chairs fondant pour laisser place à des crânes macabres assoiffés de sang.

Il serait un esprit de la guerre, mais aussi un esprit de la mort. Fut-il lié aux Feu par un quelconque jeu du destin. Si Androkar veille les sépultures des grands loups des chefs d'un temps ancien, les sons des tambours de guerre dédiées à sa convocation le plonge dans une rage meurtrière qui, si elle n'est pas canalysée, pourrait bien embraser la plaine, l'océan et les étoiles.

Mes disciples seront prêts et la Prophétie de Krunga fait loi. L'Age de la Vengeance ne pourra s'achever qu'une fois Bramarh revenu de la Bataille Eternelle pour croiser le fer avec le Dieu-démon. Que Noirsang tombe à genoux et que le chef se prépare à lier le Sang Noir à Androkar. Il ne peut exister meilleur candidat à l'avènement des Portes du Lohn'goron.

Il traversera les cieux à la tête d'une meute infinie de loups spectraux, et il prendra les Cornes-Brûlantes à la gorge.

 

Sagron Murmemort des Noirsang, ancien de l'Assemblée des Sages, Maître des Bûchés

Ainsi, les vertes-peaux prennent Fenrysùlfr pour le fils de l'un de leurs esprits.

Mais il n'en est rien. Je pense qu'ils ont confondu, de par nos rites et nos propres sagas, Lo'gosh et Fenryr le Chasseur. Et quoi de plus naturel ? Force est de constater que les racines même de nos légendes se confondent les unes dans les autres. Avoir fait la connaissance de ces barbares, ici et maintenant, relève d'un hasard  beaucoup trop grand pour que les Runes y soient étrangères.

Il est vrai oui, Fenrysùlfr, "Loup de Fenryr" dans la langue, a trois têtes et a été renié de sa portée. Une histoire contée aux jeunes fils des rois pour que jamais ils ne sèment bâtards.
Mais les trois gueules sont aussi gardiennes que courroucées. Fenrysùlfr aime les loups, mais exècre les civilisation. Les citées, les villages, la culture et les chaumières. Fenrysùlfr ne veut pas la guerre, il veut la destruction. Il veut des bains de sang à sa gloire et toutes sortes de sacrifices macabres pour le tirer de sa léthargie.

Voilà des générations, des sectes meurtrières de Torhneim jusqu'aux Fjords du grand nord le priaient en secret. Au prix du sang et des crânes, les champions vrykuls animaient d'un feu nouveau les gueules assoupies de Fenrysùlfr qui, en échange, leur délivrait toutes sortes de bénédictions furieuses.
Et il en fut ainsi pour des années, jusqu'à ce que la folie destructrice du bâtard de Fenryr ne soit rejetée par les prêtres des runes et les chamans vrykuls. Les cultes furent chassés, proscris, et alors Fenrysùlfr s'en retourna sommeiller au fond des cairns tandis que les seigneurs des toundras venaient inhumer les dépouilles de leurs limiers bien aimés à ses côtés pour qu'à jamais ils soient veillés par le gardien des worgs.

Mais Fenrysùlfr n'a pas été oublié, et les anciens chuchotent que l'heure de sa renaissance est arrivée. Alors que Odyn prépare ses armées de héros immaculés à redescendre sur Azeroth pour délivrer à jamais les domaines des Pères et Mères de Tous du Titan Noir. Les montagnes vont se briser et Fenryr va rappeler à lui ses portées. Toutes ses portées. Alors seulement, Fenrysùlfr retrouvera ses incarnations mortelles, et il pourra embraser l'univers jusqu'à se repaitre du sang des ennemis des loups.

 


Sivgurd de Torhneim, sorcier vrykul

Voilà des millénaires que Fenrysùlfr n'est plus qu'une ombre tapie dans de vieilles crevasses et des nécropoles oubliées. Il fut rencontré pour la première fois par les Shu'alo en tant qu'Androkar, berserk chassé de sa propre tanière par nul autre que le Loup Fantôme pour avoir blasphémé, purgé et massacré dans sa colère aveugle tant de ses frères et sœurs.
Alors fut-il banni des cultes primordiaux de Kalimdor, et pour des générations les taurens n'entendraient plus jamais le râle du Chien de Feu.
 

Puis, le bâtard erra de longues années, jusqu'à retrouver une meute. Dans les contreforts de Tornheim, les tribus primitives des géants retrouvèrent ses tablettes pour enfin commencer à le prier. Fenrysùlfr était puissant, gigantesque, et nul ne pouvait lui tenir tête. Il aimait les worgs, alors ses disciples commencèrent à se coiffer de peaux de loups pour leur ressembler, et à l'image de leur dieu, ils formèrent toutes sortes de meutes pour chasser les braconniers et détruire les hameaux.
Les cultes de Fenrysùlfr perdurèrent jusqu'à une alliance de rois, las de laisser pareils fanatiques ravager leurs dominions. Sur trois générations une grande chasse fut organisée, jusqu'à ce que le dernier cultiste de la dernière secte soit pendu haut et court.
Et aujourd'hui, les rois ne rendent plus gère hommage à Fenrysùlfr que pour l'apaiser, et mettre en terre leurs worgs favoris afin que jamais le gardien des meutes ne les égares loin du Séjour Céleste.


Mais le temps est venu et Noirsang est prêt à ressusciter les plus grands esprits du Feu, de la Mort et de la Destruction pour que la Prophétie de Krunga puisse s'accomplir. L'Assemblée des Sages a été réunie et Sivgurd, le sorcier banni à tout jamais de Tornheim par tous les clans , a dispensé son savoir et ses sagesses à ceux qui, à l'orée du retour de Bramarh, cherchaient toutes sortes d'esprits à lier aux Portes du Lohn'goron et à l'héritage de tout un clan.

Il est des esprits tels que le Grand Aigle Noir qui cherchent la guerre au travers de la domination et de l'exploit, tandis que d'autres comme Fenrysùlfr ne cherchent que le carnage. Un monstre enragé, aveugle, pour qui l'honneur et la paix sont des concepts totalement inconcevables. Comment apaiser ceux qui, de par leur nature, sont supposés incarner toute la sauvagerie des grands loups et la bestialité des mortels ?
Il en sera donc ainsi, Fenrysùlfr doit se réveiller et prendre part à la Bataille Finale contre le Dieu-démon. Sagron des orcs le revendique comme descendant de Lo'gosh, tandis que Sivgurd des vrykuls le pense bâtard de Fenryr. Peu en importe à la centurie et aux guerriers du clan. Bramarh sera satisfait que pareille incarnation de la guerre trône en amont d'un tout nouveau panthéon vénéré par ses peaux-vertes.

Alors que le seigneur de guerre Noireserre cherche à se rapprocher de Suramar afin d'y envoyer ses pillards, le Haut-seigneur de guerre Saurcroc préfère dédier le clan à la sauvegarde de la savane des Tarides face aux incursions démoniaques ainsi qu'aux cultistes de la Lame-Ardente. Le cœur des fils de Bramarh gronde, parait-il qu'ailleurs la gloire est fracassante et que les champions d'Azeroth croulent sous les richesses. Entre les directives de la Horde de Sylvanas, celles de l'Offensive Lo'gosh'ar, et la Prophétie de Krunga, les Noirsang jouent sur trois tableaux.
Ainsi le clan prête main-forte aux côtés des Rougemâchoires de Stonetalon et des bataillons de kor'krons repentis d'Orgrimmar à la cheftaine de la Croisée. Les barricades sont imprenables et à chaque heure du jour ou de la nuit, les mystiques se concertent pour prédire les prochaines "Tempêtes de Feu". Du même temps, Gormar rend visite à de vieux amis à la capitale des clans tout en pressant Saurcroc de lui accorder audience. Enfin, et ce dans le dos des sentinelles de la Cheftaine de Guerre, un commando a été préparé sous la direction de Sagron Murmemort ainsi que de Sivgurd pour retrouver la piste de Fenrysùlfr et accomplir tous les rituels qui permettront aux Noirsang de lier le Grand Esprit à leur saga.

Le temps presse, l'Age de la Vengeance est déjà avancé. Les visions de l'élu du Grand Aigle Noir se précisent : après le Lohn'goron, il y aura une croisade à préparer. Repousser l'invasion ne suffira pas. Bramarh a soif de sang.

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